Récit de la 6000D

Publié le par Nicolas G

 Récit de la 6000D 
  Date: Le 25 juillet 2009

           
Il y à un mois à peine, je courais mon premier trail (à Faverges, le 13 juin, plus exactement). Un trail de 28 km pour 1600m de dénivelé  positif. Ce jour là, la motivation et l’engouement pour cette course avait réunie  « l’équipe Chambérienne » au complet ; Benjamin, Geronimo et Anne Laure, Cyril, Thomas le frère de Benji et son amie. Après 3h31 de course à 100%,  j’ai atteins  la ligne d’arrivé dans un état déplorable ; crampes, hypoglycémie. Je m’étais alors dit ; la 6000D, ça ne sera pas pour toi cette année. Cyril trailleur avertit ayant déjà à son actif la croix mythique de l’UTMB s’était alors prononcé : « Il ne faut jamais discuter du prochain trail, juste après un trail » certes…

Aujourd’hui me voici dans le sas de cette course mythique ; la 6000D. Pour le XXème anniversaire les organisateur on décidé de la faire passée par tout les villages du coin, soit 60 km de parcours pour 3000m D+ et 3000 D-. En gros le double de Faverge en dénivelé comme en distance, aie…

-Pourquoi j’ai signé ? Pour en chier j’imagine.

-Benji ma dit : C’est le XXème anniversaire,  il ne faut pas rater sa Nico.

Et puis il y à ce slogan ; la couse des géants. Je me suis alors dit, si moi je ne suis pas un géant !

Me voici donc prêt à prendre le départ,  ce sera donc mon second trail et mon premier Ultra tout de même. Je repense aux dernières critiques que j’ai lues : « C’est une balise dans l’histoire de la course de montagne, il y à donc cette dimension, de venir sur ce terrain, avec tout le respect que cela sous entend » Jean-Marc Ganzer.

-N’ai-je pas été un peu trop ambitieux ?

A l’entrainement je cour maintenant 30km, là, il va falloir puiser au fin fond de mes ressources physiques et mentale pour en courir le double ! L’humilité est de rigueur me dit-je.

L’heure tourne, plus que quelques minutes et le départ sera donné, l’hélico nous survole, le stress se fait sentir, tout le corps est tendu d’excitation et de peur. Heureusement nos amis ; Cyril et Hélène sont venu pour nous soutenir.

Déjà les questions fusent dans la tête

-          Ai-je bien ma place ici ?

-          Vais-je être à la hauteur ?


8h00, le départ est donné. Les quelques 900 coureurs s’élancent à bonne allure. Je me suis promis de partir doucement, je me suis dit ; mon vieux si tu veux finir, il va falloir gérer au mieux ta course. Donc doucement au départ pour en garder sous le pied, 60 km c’est long.

Au bout de quelques 200 mètres  Benji plaisante : « Et là ; point de côté ». Je fais mine de sourire, j’en ai un moi, merde sa commence bien. Finalement rien de bien grave, cette petite montée de départ commence plutôt bien et j’arrive à Aime, La Plagne (2110m) sous les encouragements de Hélène et Cyril avec une bonne caisse, le sourire, tout va bien.

Plus loin, à la Plagne Centre (1993m), on nous annonce 16km.

-          Quoi 16km ? seulement, sa va être long, très long.

C’est le premier ravitaillement, j’en profite pour me requinquer, remplie ma poche à eau, mange quelques vivres et me voici reparti.

La suite se passe plutôt bien, j’ai une bonne caisse et négocie la portion du Lac des Blanchets (2300m) à bonne allure. Je suis agréablement surpris par le fait que sa monte progressivement et me sent même de relancer  en courant dans tout les passages en faux-plats. Au lac même, je sens les prémices d’une crampe, jambe droite et prend peur. J’interroge un coureur sur l’efficacité du sel et avale rapidement un sachet dérobé au restaurant Universitaire pour prévenir le risque. Je continu, Roche de Mio en ligne de mire.

La Roche de Mio (2675m) c’est à peu près la moitié du parcours en distance, un point important donc, même si c’est loin d’être le totale du dénivelé. De nouveau Cyril et Hélène sont là m’encourageants, j’active le pas et me fait coacher un moment par Cyril avant de rebasculer sur une belle portion de descente que je coure à bonne allure.

Col de la Chiaupe (2492m), ravitaillement 2, je fais le plein. Cyril et Hélène s’occupent de remplir ma poche à eau tandis que j’avale tout ce qui me passe sous la main ; banane, pain d’épices, etc… Je me goinfre de toutes ces friandises en prévision de la montée au glacier qui s’annonce difficile.


Me voilà repartis, la montée empreinte une moraine bien pourrie sans réel tracé. La plus part des coureurs souffrent et respirent  profondément. Pour ma part je me sent plutôt bien, je suis plutôt bon grimpeur, l’alpinisme de ces dernières semaines y étant pour beaucoup.

J’arrive au Glacier de Bellecôte (3055m) avec le sourire. De nouveau, Cyril et Hélène sont là, heureux de constater que je suis encore frais. J’ai en effet encore un bon capital, mais finalement c’est aussi là que tout commence. Je me rappelle d’un autre commentaire : « Bien basculer en haut, ne t’apporte aucune garantie de finir » Eric Sagnard.

Cyril me dit :

-          Si tu peux relancer, va-y !

Evidemment  je vais courir dans cette belle descente mais je fais la rencontre d’un couple fort sympathique et le gars me dit : « va-y doucement, garde-en sous le pied, il y à encore le col de l’Arpette à passer et c’est loin d’être gagner ». Ce fameux col de l’Arpette, bien sur que j’y pense c’est avec la Roche de Mio, les deux points stratégiques que j’ai retenu du profil. Une remontée d’environ 450 mètres après cette portion de descente, un coupe-jambe.

Finalement c’est à vive allure que je dévale les pentes du glacier et lorsque je rejoins, le col de la Chiaupe, Cyril n’en croit pas ses yeux. il arrive en courant et s’exclame : « tu est descendu plus vite que nous en télécabines ». Bref  j’avale deux, trois morceaux d’un délicieux gâteau au chocolat et repars aussi tôt.

La suite est longue, je n’ai pas refait le plein d’eau et cela me fait défaut. Alors que j’interroge un gars sur le prochain point d’eau, nous débouchons justement sur le Chalet du Carroley (2053m) et à notre bonne surprise de l’eau, ouf…

La montée au Col de l’Arpette (2340m) se passe plutôt bien et lorsque je bascule, je tente de suivre vainement une demoiselle qui s’élance à vive allure dans la pente. Je n’en crois pas mes yeux, elle qui peinait un peu dans la montée, la voilà qui s’envole littéralement et j’ai bien du mal à la suivre.

J’arrive à Belle Plagne (2070m) à vive allure et quelqu’un me dit : « allé c’est bientôt fini ». J’accélère encore la foulée jusqu’à Plagnes Bellecôte (1940m), le troisième ravitaillement. Finalement, Cyril m’annonce : « allé encore 17 km ».

-          Quoi 17 km !, Put…sa va être long, très long !

Aie, le moral en prend un coup, je prends donc un peu plus de temps à ce ravito et mange du salé afin de prévenir les risques de crampes, refait le plein d’eau et repart. Là je trottine et nous formons un peloton avec le fameux couple. La lassitude commence à s’installer.

Au Thuiles (1530m), le gars annonce : « plus que 10km ». Put…, sa ne passe pas, en plus le couple s’est échappé et me voici tout seul dans ces portions de forêt. Les questions commencent à fuser.

-          Qu’elle idée, qu’est-ce que je fou là ?

Je me dis : « tu la voulu cette course et bien maintenant tu es servi » et continu d’avancer comme si chaque pas était une gorgée de soupe que j’avalé jusqu’à ne plus en pouvoir. J’en ai mare, je suis rassasié, et malgré tout il faut continuer d’avancer, mettre un pied devant l’autre, avancer encore et toujours. Mes genoux, mes chevilles et mes pieds me font mal, j’ai l’impression de marcher sur du verre, pire, j’ai des bout de bois à la place des jambes ! Je me dis : « plus JAMAIS… »

Malgré toutes ces douleurs, je colle un petit peloton et avance tant bien que mal. Certains doublent, d’autres lâchent. Finalement je me retrouve derrière un gars plus petit que moi avec un rythme très régulier et décide de ne plus le lâcher d’une semelle. Nous n’échangeons pas un mot, les paroles seraient une dépense d’énergie inutile et chacun sait, que l’autre endure exactement la même chose que lui.

Heureusement j’ai la chance d’avoir un moral d’acier et ces donc avec ma tête que je lutte pour finir cette interminable ligne droite finale qui longe la rivière. Je pense au masayes qui courent dans le désert, bouclier et lance en main pendant des heures durant sous un soleil de plomb. Cela me redonne la foi et me permet de tenir jusqu’au bout en courant. Cyril nous retrouve pour finir les quelques centaines de mètres qu’il reste. Dernière pente, nous courons toujours, silencieusement et sans répits




























Sa y est c’est l’arrivée sous une nuée d’applaudissements, je suis gorgé d’émotion, mes nerfs se relâche et j’hésite entre pleurer ou sourire. Finalement c’est le sourire qui l’emporte et nous nous serrons vivement la main avec le coureur qui me précède. Dans les yeux le même regard, chargé de fierté à l’idée d’avoir terminé ce morceau de choix…

 Je rejoins Cyril et Hélène pour une franche accolade. Benjamin et son frère son déjà arrivé, le sourire se dessine sur leur visage. Tout plein d’émotion, nous partageons  notre aventure à vive voie et gagnons le bistrot du coin pour une bière bien fraîche…

 

Publié dans Trail

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<br /> Une très belle course Monsieur Du Gibon!! Ce fût une excellente journée d'accompagnement, j'enfile mon attirail de grenouille à la prochaine (sous réserve que je sois dans le coin), promis!<br /> <br /> <br />
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